(31) 26.04.2009;

21.08h;

Je suis là

Dans l’ombre je t’ai aperçu, une silhouette maigre. Avec ta grimace. Menaçants. Je ne sais pas pourquoi, mais tu me fais peur. Une de ces trouilles qui me passe par la tête si je pense aux mauvais esprits. Ils sont invincibles. Menaçants dans leur gentillesse. Perdus dans chaque mouvement, ils ne sont pas réels, mais présents dans leur corps comme le cadavre dans son sarcophage. Irréel, froid, d’une beauté glacée, sans chaleur leur haine, sans flamme leur cœur. Seuls à calculer leur temps pour rencontrer l’amour pour leur défraiement. Une fois qu’ils ont rencontré leur victime, tout va vite. Ils leur prennent tout, leur vie, leur énergie, leur enthousiasme, leur magie de vivre.

Je suis là dans l’ombre. Je suis venue pour toi. Pour ton gain d’âme. Pour ton salut ! Merde à toi et merde à moi. Tu es un pauvre raisonneur. Tu es aussi là, dans l’ombre de l’appartement. Dans la semi-obscurité de la lumière. Tu n’es qu’un simple reflet de l’espoir de ta chair. Ta chair est une illusion, avec une touchée solide, tu es un serpent allégorique. Vivat en ses mouvements. Sans tête, ni cœur, perdu depuis longtemps dans l’univers. Là, t’as eu de la chance, tu as été racheté par ta patrie inférieure, l’envie qui te manque de voracer le monde. A savoir, où nous commençons à faire l’amour tous les deux ? Par quel détail j’entre en toi pour te souffler la vie dans les veines ! Après de multiples essais sans honnête cause, c’est là le point à viser, ton départ lointain, pour ne jamais revenir. Tu es une jolie ingratitude, insoupçonnable mais extrêmement dangereuse. Mon vol et le coup du bâton doivent être subtils. Tu ne remarqueras jamais que tu es en vie, comme tu n’as pas remarqué non plus que tu étais mort ! Et pourtant, tu es si mort, la couture d’un cadavre n’empêche pas le flot de l’âme. Je suis désespérée de te voir à mes pieds. Me supplier de te rentrer la flèche, de piquer ton âme pour qu’elle aille s’aérer. Ceci pour danser avec toi, avec ta mélancolie, ta folie, ton romantisme à vaincre, pour que tu perdes la raison, dans le bain d’amour à l’amoniaque. N’es-tu pas déjà volontaire ? Ta voracité se cache dans ta demi-conscience, dans la peur de rater le coup. C’est cette peur qui nourrit ta religiosité. Qui te rend prisonnier, guerrier, de ton âme. Mais elle va s’ouvrir comme la flore d’une planète étrangère, uniquement pour rendre justice à l’injustice. L’amour se veut le péril et le nombril du monde.

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