(12) 22.03.2009; 9.43h;

L’endroit de la turpitude

Prêtresse

Disons, je vois ton trou. Ton abîme d’où tu es tombé. Bien! Penses-tu m’avoir? Vois-tu mes différents personnages auxquels tu dois intégralement faire l’amour? Nous nous sommes quittés là-haut pour nous retrouver ici. A cet endroit précis. L’union de nos langues nous liguent. J’ordonne un sens interdit à tout ceux qui vont suivre. Là, je ressens ta honte et ta saleté de vouloir me tuer dans mon désir. Avec le plaisir de la destruction, tu possèdes mes désirs, ma volonté de vouloir mourir pour l’amour. Tu veux sentir brûler mon corps, à travers ton désir. Tu me touches avec ta langue. Tu n’es qu’un être en feu – un feu invisible – qui transmet ses désirs à la soumission de l’autre. Tu as besoin de ma soumission pour m’aimer. J’ai besoin de ta haine pour brûler. C’est sale. C’est un amour sale. Tu es sale. Je suis sale. Nous sommes là pour crever dans la main de l’un et de l’autre. La beauté nous appartient seulement dans le souffle de notre égalité de désirs, dans notre vouloir de s’aimer. Dans notre envie de se donner à l’autre. Quand tu me lèches l’oreille, tu réveilles mes sens démoniaques. Je ressens trop bien ma soumission humaine à tes désirs brûlants, ton ordre euphorique. Je me permets de t’aimer car ta brûlure est ta beauté et ton amour fou pour moi: femme. Je t’appartiens parce que tu as envie de me gazer. Je ressens ta résistance dans ton jeu de langue, si tu me gratines l’oreille. Tu me rends dingue! Car je suis trop humaine avec toi, tu le sais bien; j’ai du mal à être humaine. Tu provoques avec ta fine douceur l’invisible, mon fard, et mon dégoût en moi. Ta langue provoque ma perversité, ma haine, mon envie de douceur, de vouloir lâcher mes ailes. Pour un petit moment trop humain. Quand tu me croques l’oreille, je vois tes yeux se balader sur moi, vouloir saisir ma faiblesse. L’instant où j’abandonne ma volonté à te résister. Résister à ton jeu céleste bleu-gris. Tu m’as saisi. Je suis trop enfant de l’inconnu, et je tombe dans ton fard. Et je m’unis avec toi dans cette spirale. Ô, comme j’ai envie de toi. N’arrête jamais de m’aimer ainsi. Salis mon corps! Couvres-le avec ta honte pour que je puisse devenir ton éclat de lumière au firmament.

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